La princesse a promis à la grenouille une amitié durable en échange de sa balle en or tombée dans la fontaine. Mais lorsque l'animal lui rend l'objet, la coquine s'enfuit, oubliant sa promesse. La bestiole la suit au château et, pendant le banquet du soir, frappe à la porte pour demander à la jeune fille d'honorer son serment.
(Garulfo a une option pour la fin... avouez qu'elle ne manque pas de piquant)
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Une seconde fois, le battement reprit
Et la voix de la bête se fit plus insistante
"Jeune fille du Roi, ouvre-moi je t’en
prie
Tiens ton engagement et ne sois point
méchante"
L’auguste souverain, connu pour sa bonté
Regarda la Princesse et dit en souriant
"Quand tu conclus un pacte, tu dois le
respecter
Laisse entrer ta grenouille, conduis-toi
gentiment"
L’immonde créature pénétra dans la pièce
Puis sautilla jusqu’à la noble demoiselle
"Restaurons-nous ensemble,
s’il-vous-plait votre Altesse"
Et elle bondit au bord du plat d’or de la
belle
La grenouille mangea d’un féroce appétit
Quand l’enfant écœurée manquait de s’étrangler
A la fin du repas, la barboteuse dit
"Me voici rassasiée, allons donc nous
coucher"
Alors la jeune fille éclata en sanglots
Comment parviendrait-elle à partager son lit
Quand elle avait si peur de caresser la peau
Granuleuse et glacée de sa nouvelle
amie ?
Excédé, le monarque rabroua la Princesse
"Ne méprise donc pas celle qui t’a aidée
Lorsque tu éprouvais une grande
tristesse"
L’enfant gagna sa chambre et cessa de pleurer
Une fois dans son domaine, elle posa l’animal
Dans le coin le plus sombre et le plus
éloigné
De son grand baldaquin aux draps de soie
bleue pâle
Enfin débarrassée, elle partit s’allonger
"Garde-moi près de
toi où j’en parle à ton père"
Menaça la grenouille. La
Princesse craqua
Elle empoigna la bête et
la jeta à terre
En hurlant son
courroux : "Ainsi tu dormiras !"
Mais lorsque la
grenouille effleura le tapis
Il ne s’agissait plus
d’un immonde animal
Un Prince se tenait
debout aux pieds du lit
Ses yeux étaient rieurs,
son sourire amical
La Princesse accepta
d’obéir à son père
Et d’aimer pour toujours
l’infortuné garçon
Qui avoua, ému, qu’une
méchante sorcière
L’avait changé en bête
sans aucune raison
Le lendemain des noces,
le tout jeune marié
Devaient mener sa belle
dans son nouveau palais
Et au petit matin chacun
vit arriver
Une voiture attelée de
huit chevaux de jais
Le Prince découvrit
Henri, son serviteur
Installé à l’arrière de
la calèche d’or
Le fidèle valet
apprenant son bonheur
Souhaitait mener son
maître et sa femme à bon port
Lorsqu’Henri avait vu
son Prince transformé
Son cœur s’était rempli
d’une tristesse sincère
Et de peur qu’il finisse
bientôt par éclater
Il banda sa poitrine de
trois cercles de fer
Le valet installa les
jeunes souverains
Bien confortablement
dans le riche carrosse
Puis il reprit sa place
à l’arrière de l’engin
Et ils partirent enfin
pour leur voyage de noces
Au bout de quelques
temps, on entendit craquer
Le Prince s’inquiéta
craignant qu’une roue ne casse
Henri le rassura
"La peine m’a quittée
Et mon cœur se libère de
l’étau qui l’enlace"
Le puissant craquement
survint deux fois encore
Alarmant le monarque,
mais ce n’était qu’Henri
Heureux que son seigneur
soit libéré du sort
Et dont les fers épais
se brisaient à grands bruits
FIN