
Nous nous asseyions autour d'une des tables en ferraille et nous mangions les meilleurs sandwichs grecs de mon existence. Sa viande d'agneau, marinée dans du citron et des épices... Whoua ! Ça touchait au sublime sur mon palais d'enfant.
Bachir venait souvent partager une Gala (la bière locale, blonde et légère) avec mon père et papoter avec nous. Je ne me souviens plus de son visage, mais je me rappelle qu'un de ses pouces était atrophié et qu'il me disait que le mien deviendrait comme ça si je continuais à le sucer. J'étais impressionnée, mais je soupçonnais l'intox. Il me faisait rire...
Et il y a eu les "événements" de 79 (c'est curieux comme le mot guerre fait peur). Nous ne savons pas ce qu'est devenu Bachir...
Je n'ai remangé des sandwichs grecs qu'une dizaine d'années plus tard, à mon arrivée à Paris. Mais jamais, jamais, je n'en ai trouvé de comparables à ceux de mon enfance.