mardi 30 septembre 2014

La fille du Roi et la Grenouille (partie 2)

La princesse a promis à la grenouille une amitié durable en échange de sa balle en or tombée dans la fontaine. Mais lorsque l'animal lui rend l'objet, la coquine s'enfuit, oubliant sa promesse. La bestiole la suit au château et, pendant le banquet du soir, frappe à la porte pour demander à la jeune fille d'honorer son serment.

(Garulfo a une option pour la fin... avouez qu'elle ne manque pas de piquant)

**************************************************
Une seconde fois, le battement reprit
Et la voix de la bête se fit plus insistante
"Jeune fille du Roi, ouvre-moi je t’en prie
Tiens ton engagement et ne sois point méchante"

L’auguste souverain, connu pour sa bonté
Regarda la Princesse et dit en souriant
"Quand tu conclus un pacte, tu dois le respecter
Laisse entrer ta grenouille, conduis-toi gentiment"

L’immonde créature pénétra dans la pièce
Puis sautilla jusqu’à la noble demoiselle
"Restaurons-nous ensemble, s’il-vous-plait votre Altesse"
Et elle bondit au bord du plat d’or de la belle

La grenouille mangea d’un féroce appétit
Quand l’enfant écœurée manquait de s’étrangler
A la fin du repas, la barboteuse dit
"Me voici rassasiée, allons donc nous coucher"

Alors la jeune fille éclata en sanglots
Comment parviendrait-elle à partager son lit
Quand elle avait si peur de caresser la peau
Granuleuse et glacée de sa nouvelle amie ?

Excédé, le monarque rabroua la Princesse
"Ne méprise donc pas celle qui t’a aidée
Lorsque tu éprouvais une grande tristesse"
L’enfant gagna sa chambre et cessa de pleurer

Une fois dans son domaine, elle posa l’animal
Dans le coin le plus sombre et le plus éloigné
De son grand baldaquin aux draps de soie bleue pâle
Enfin débarrassée, elle partit s’allonger

"Garde-moi près de toi où j’en parle à ton père"
Menaça la grenouille. La Princesse craqua
Elle empoigna la bête et la jeta à terre
En hurlant son courroux : "Ainsi tu dormiras !"

Mais lorsque la grenouille effleura le tapis
Il ne s’agissait plus d’un immonde animal
Un Prince se tenait debout aux pieds du lit
Ses yeux étaient rieurs, son sourire amical

La Princesse accepta d’obéir à son père
Et d’aimer pour toujours l’infortuné garçon
Qui avoua, ému, qu’une méchante sorcière
L’avait changé en bête sans aucune raison

Le lendemain des noces, le tout jeune marié
Devaient mener sa belle dans son nouveau palais
Et au petit matin chacun vit arriver
Une voiture attelée de huit chevaux de jais

Le Prince découvrit Henri, son serviteur
Installé à l’arrière de la calèche d’or
Le fidèle valet apprenant son bonheur
Souhaitait mener son maître et sa femme à bon port

Lorsqu’Henri avait vu son Prince transformé
Son cœur s’était rempli d’une tristesse sincère
Et de peur qu’il finisse bientôt par éclater
Il banda sa poitrine de trois cercles de fer

Le valet installa les jeunes souverains
Bien confortablement dans le riche carrosse
Puis il reprit sa place à l’arrière de l’engin
Et ils partirent enfin pour leur voyage de noces

Au bout de quelques temps, on entendit craquer
Le Prince s’inquiéta craignant qu’une roue ne casse
Henri le rassura "La peine m’a quittée
Et mon cœur se libère de l’étau qui l’enlace"

Le puissant craquement survint deux fois encore
Alarmant le monarque, mais ce n’était qu’Henri
Heureux que son seigneur soit libéré du sort

Et dont les fers épais se brisaient à grands bruits

FIN

Aucun commentaire: