
Cette version du conte de Peau d’Âne m'a davantage été inspirée par le film de Jacques Demy que par le poème original de Charles Perrault. Mais Demy était très proche de l’auteur, malgré tout. Comme le poème est long, je le diffuserai en plusieurs fois…
Peau d’Âne
Il était une fois, il y a bien des lunes
Un roi qui possédait un très curieux trésor
Il s'agissait d'un âne qui faisait sa fortune
Car il transformait tout ce qu'il mangeait en or
Le monarque, heureux homme, pouvait s'enorgueillir
D'une épouse dont les bardes chantaient la perfection
Il l'aimait follement, elle combla ses désirs
Lorsqu'une enfant naquit, célébrant leur passion
Seize années s'écoulèrent dans un bonheur serein
Mais le Destin aveugle accorde autant de prix
À un petit mendiant qu'à un grand souverain
Et la reine mourut frappée de pneumonie
Mais avant son trépas, le roi dut lui jurer
D’épouser une femme à la seule condition
Qu’elle surpassât la reine en grâce et en beauté
L’homme éploré promis sans plus de réflexion
Point ne revient aux filles le pouvoir de leur père
Les conseillers du roi le prièrent sans tarder
De trouver une femme à la santé de fer
Qui pourrait concevoir, enfin, un héritier
Des propositions vinrent de la terre toute entière
Mais du monarque aucune n'emporta le suffrage
Puisque sa descendance ressemblait à sa mère
C'est donc à celle-ci qu'il offrit le mariage
Devant le sacrilège, maintes voix s'élevèrent
Pour protester avec une extrême énergie
La jeune fille en pleurs vint supplier son père
Le roi était buté, jamais il ne faiblit
La Princesse avait pour marraine une sorcière
Qui, scandalisée par ce projet saugrenu,
Quitta en toute hâte son mystérieux repère
Et gagna le château pour sauver l'ingénue
"Mon enfant, restons calmes, échafaudons un plan
Exigez qu'on vous offre en cadeau d'épousailles
Une nouvelle robe, disons, couleur du temps
Nul ne pourra jamais accomplir ce travail"
Mais le roi fit appel aux meilleurs artisans
Et dès le lendemain, il lui fut apporté
Un vêtement de soie aux reflets si changeants
Que le ciel de l'automne succédait à l'été
"Ne désespérons pas, s'écria la sorcière
Avouez dès maintenant votre insatisfaction
Dites que la douceur des blancs rayons lunaires
Conviendraient davantage à votre carnation"
Les couturiers, habiles, relevèrent le défi
Leur œuvre terminée, ils livrèrent un présent
Bien plus étincelant que l'astre de la nuit
La marraine en colère poussa des hurlements
"Je ne saurais subir humiliation pareille
Présentez-vous céans devant sa Majesté
Et prétendez que seul le lumineux soleil
S'accorde exactement avec votre beauté"
Les tailleurs furent encore une fois sollicités
Dans cette robe, enfin, ils mirent tout leur art
Le tissu flamboyait d'un tel éclat doré
Qu'on ne pouvait longtemps y porter le regard
"N'ayons plus de scrupules puisque le roi s'entête
Demandez-lui d’abattre son âne merveilleux
Et de tanner pour vous la peau cette bête
Cette requête-là lui ouvrira les yeux"
Le roi fut très surpris que sa fille, si sage
Osât lui réclamer un pareil sacrifice
Pourtant il s'inclina, ignorant le message
Et posa sur son lit l'objet de son caprice
(A suivre...)
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