mercredi 5 janvier 2011

Peau d'Âne (1)


Cette version du conte de Peau d’Âne m'a davantage été inspirée par le film de Jacques Demy que par le poème original de Charles Perrault. Mais Demy était très proche de l’auteur, malgré tout. Comme le poème est long, je le diffuserai en plusieurs fois…

Peau d’Âne


Il était une fois, il y a bien des lunes

Un roi qui possédait un très curieux trésor

Il s'agissait d'un âne qui faisait sa fortune

Car il transformait tout ce qu'il mangeait en or 


Le monarque, heureux homme, pouvait s'enorgueillir
D'une épouse dont les bardes chantaient la perfection

Il l'aimait follement, elle combla ses désirs

Lorsqu'une enfant naquit, célébrant leur passion
 


Seize années s'écoulèrent dans un bonheur serein
Mais le Destin aveugle accorde autant de prix

A un petit mendiant qu'à un grand souverain

Et la reine mourut frappée de pneumonie
 


Mais avant son trépas, le roi dut lui jurer
D’épouser une femme à la seule condition

Qu’elle surpassât la reine en grâce et en beauté

L’homme éploré promis sans plus de réflexion
 


Point ne revient aux filles le pouvoir de leur père
Les conseillers du roi le prièrent sans tarder

De trouver une femme à la santé de fer

Qui pourrait concevoir, enfin, un héritier
 


Des propositions vinrent de la terre toute entière
Mais du monarque aucune n'emporta le suffrage

Puisque sa descendance ressemblait à sa mère

C'est donc à celle-ci qu'il offrit le mariage
 


Devant le sacrilège maintes voix s'élevèrent
Pour protester avec une extrême énergie

La jeune fille en pleurs vint supplier son père
Le roi était buté, jamais il ne faiblit
 


La Princesse avait pour marraine une sorcière
Qui, scandalisée par ce projet saugrenu,

Quitta en toute hâte son mystérieux repère

Et gagna le château pour sauver l'ingénue
 


"Mon enfant, restons calmes, échafaudons un plan
Exigez qu'on vous offre en cadeau d'épousailles

Une nouvelle robe, disons, couleur du temps

Nul ne pourra jamais accomplir ce travail"
 


Mais le roi fit appel aux meilleurs artisans
Et dès le lendemain il lui fut apporté

Un vêtement de soie aux reflets si changeants

Que le ciel de l'automne succédait à l'été
 


"Ne désespérons pas, s'écria la sorcière
Avouez dès maintenant votre insatisfaction

Dites que la douceur des blancs rayons lunaires
Conviendraient davantage à votre carnation"
 


Les couturiers, habiles, relevèrent le défi
Leur œuvre terminée, ils livrèrent un présent

Bien plus étincelant que l'astre de la nuit
La marraine en colère poussa des hurlements
 


"Je ne saurais subir humiliation pareille
Présentez-vous céans devant sa Majesté

Et prétendez que seul le lumineux soleil
S'accorde exactement avec votre beauté"
 


Les tailleurs furent encore une fois sollicités
Dans cette robe, enfin, ils mirent tout leur art

Le tissu flamboyait d'un tel éclat doré

Qu'on ne pouvait longtemps y porter le regard


"N'ayons plus de scrupules puisque le roi s'entête
Demandez-lui d’abattre son âne merveilleux

Et de tanner pour vous la peau cette bête

Cette requête-là lui ouvrira les yeux"
 


Le roi fut très surpris que sa fille, si sage
Osa lui réclamer un pareil sacrifice

Pourtant il s'inclina, ignorant le message

Et posa sur son lit l'objet de son caprice


(A suivre...)
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